Les derniers "houchs" de Djerba

Publié le par jamila.over-blog.fr

   Le paysage djerbien s'est distingué, depuis des siècles, par ses magnifiques exploitations agricoles appelées "menzels".
Dans ces menzels, d'une superficie modeste (généralement de 2 à 3 ha), les djerbiens avaient pratiqué une agriculture intensive qui a donné naissance  à un habitat dispersé bien adapté à la vie agricole.
Chaque propriétaire s'est donc installé à l'intérieur de son "menzel", où il a construit sa demeure familiale appelée "houch".
  
   Généralement situé loin de l'entrée de la ferme, ce "houDSC01202ch" se distingue par DSC04122sa structure qui a réussi un double pari :
 
fédérateur de la famille élargie, et agent de cohésion et d'aide mutuelle entre ses membres et différents noyaux.
Chaque famille y jouit d'un seuil minimum d'autonomie. Répondant à tout cela, le houch comprend des éléments communs tels que le patio ( oust el houch ), l'entrée ( la squifa ), une pièce en chicane et la cuisine ( matbakh ). D'autres éléments sont bien entendu propres à chaque noyau familial : "les suites" (diar ). Le "mekhzène edhiaf" est le pavillon des hôtes.
    

DSC00959  



























   D'autre part, le houch aura représenté une prouesse architectorale hors pair dans la mesure où il s'est parfaitement intégré au milieu naturel, et a reflété l'état d'esprit de la société, de même que son mode de vie.
  
En plus d'avoir relevé des défis climatiques ( étés torrides, taux d'humidité élevé, pluie irrégulières... ), ce foyer a pris en considération la nature et la spécificité de la famille, ainsi que les orientations idéologiques et intellectuelles prépondérantes.

   Les maisons traditionnelles djerbiennes offrent un cachet général distinctif, des normes architecturales communes et une conception similaire de ses principales composantes. Ceci étant, elles n'obéissent pas à un plan architectural uniforme, mais plutôt à des modèles variés et homogènes.


DSC00711 


Le houch a représenté la configuration résidentielle qui sied si bien à la composition de la famille et aux relations économiques entre ses membres. La famille étant alors, dans son acception générale, synonime d'unité socioéconomique au sein de laquelle l'individu était condamné à l'astreinte et la censure mais jouissant d'une sécurité simultanée.





   Partout dans l'île, surgissent les innombrables houchs en ruines. Il est vrai que les temps ont changé et que pour beaucoup de gens, ces maisons ne sont plus totalement adaptées aux mutations socio-économiques des dernières décennies. Mais ceci ne doit pas nous permettre de les anéantir ou de les laisser tomber en ruine... Un bon nombre de ceux qui restent, du moins, méritent d'être sauvés et peuvent servir de support pour une architecture future meilleure que celle d'aujourd'hui, et mieux adaptée aux exigences climatiques, écologiques et culturelles.
 


DSC04625  
DSC04125
   Il faut enfin se rappeler, que ces houchs uniques font partie intégrante de notre patrimoine architectural exceptionnel que nous avons le devoir de préserver pour les générations futures.





DSC04016











DSC04065DSC04172
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article